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308. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Il ne reste plus qu’à donner les motifs de ce jugement, dont la sévérité était si opportune et si courageuse dans une poétique écrite en présence et à la face de ce qu’on appelait alors la queue de Ronsard. Toute la suite et la fin de ce court et frappant résumé des commencements et des progrès de notre poésie sont marquées de la même force de jugement et d’expression. […] Qui croirait que c’est du même poëte que le grand Arnauld a pu dire au xviie  siècle sans que ce jugement parût trop sévère : « C’est un déshonneur à notre nation d’avoir estimé les pitoyables poésies de Ronsard88 ?  […] C’est par l’imagination que nous admirons les contemporains, et de là nos illusions ; c’est par le jugement, quelle que soit la prévention qui le sollicite, que nous les critiquons ; et de là cette sorte d’infaillibilité de la critique. […] Il ne dépend pas du jugement populaire, et il ne lui vient pas du dehors des fumées qui l’enivrent.

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