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228. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

C’est le législateur des ordalies, le fanatique du fer chaud, le politique qui vide les différends entre les royaumes avec l’épreuve de la croix, et qui fait tomber la superstition du Moyen Âge au-dessous des superstitions païennes. » Nous n’hésitons pas à le déclarer, un si insultant jugement sur un des plus grands hommes qui aient jamais existé est un crime… qu’on expie déjà en le commettant, car il ressemble à une sottise, et M.  […] Du reste, cet incroyable jugement, bâti sur les Charivaris du temps de Charlemagne (il y en avait), est bientôt réparé par l’inconséquence habituelle de l’auteur qui, dans un portrait, abominablement flatté, de l’empereur Frédéric Barberousse, pour lequel il se sent les plus tendres entrailles, compare, pour lui faire piédestal, le juste, le vaillant Frédéric, si ambitieux d’épargner ses ennemis, ambition nouvelle, à ce superstitieux et sanguinaire Charlemagne de la page 106, transformé, comme vous allez le voir à la page 468. […] Fera-t-elle surgir, du fond des faits, de cette myriade de petits faits qu’elle accumule, une notion, une seule notion sur l’Italie qui change ou altère, sur le compte de ce pays, le jugement du monde ? […] Les jugements sur l’Arioste, sur Dante, sur Boccace, sur Métastase, sur Pétrarque, sur Pétrarque surtout, « cette Rosière du Capitole », sont des chefs-d’œuvre de critique étincelante et à fond de lame, et quand on vient de les lire, comme nous les avons lus, la sympathie pour un talent si brillant et si spirituel engendre le regret de ne pas voir l’auteur des Révolutions d’Italie refaire Ginguené, comme il a refait Sismondi ! […] Et notre jugement reste, et ce n’est pas ce qui se passe en Italie, à cette heure (1861), qui peut l’ébranler.

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