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341. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Le Journal des Débats relevait sur tous les points la bannière opposée. […] Suard, l’abbé Morellet et leurs amis, qui étaient des partisans du dix-huitième siècle et non de la Révolution, qui s’arrêtaient volontiers à d’Alembert sans passer à Condorcet, et demeuraient pratiquement fidèles à leurs habitudes d’esprit et à leurs goûts fins d’autrefois, ne se trouvaient pas réellement représentés par la Décade, et se trouvaient chaque matin soulevés et indignés, autant qu’ils pouvaient l’être, par les diatribes et les palinodies du Journal des Débats ou du Mercure. […] Après avoir cité ce mot d’un ancien, que toute pensée qui ne peut supporter l’épreuve de la plaisanterie est au moins suspecte, après avoir rappelé Pascal sur la Grâce, Boileau sur l’Amour de Dieu, et M. de La Harpe lui-même plaisantant les Théophilanthropes, Mlle de Meulan renvoie à ses adversaires le reproche du danger qu’ils croyaient voir pour les idées religieuses en ces prises à partie trop vives : « Vous traitez dans les journaux ce que vous ne voulez pas qu’on traite à la manière des journaux ! […] Ennuyée de cette compassion maligne, elle y répondit admirablement, le 18 décembre 1807, par une lettre d’une femme journaliste à un ami : « On censure donc mes feuilletons, mon ami ; c’est en vérité leur faire bien de l’honneur ; mais la critique s’étend, dites-vous, jusque sur moi, sur le parti que j’ai pris d’écrire dans un journal, et surtout d’y rendre compte des nouveautés théâtrales… Ce reproche que l’on me fait, c’est donc que je suis femme, car ce ne peut être de ce que je suis journaliste : ceux de mes censeurs qui me connaissent savent trop bien pourquoi je le suis. […] Voir le Journal de Collé, août 1751, tome I, page 417.

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