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357. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

D’autres l’ont pensé ; nous ne le croyons pas ; ces peintures de la vie et du cœur, ces récits chers surtout aux jeunes gens et aux jeunes femmes, ne doivent pas plus abuser des choses saintes et sacrées que les hommes du monde ne doivent jouer avec les vases de l’autel. […] Un vieux musicien, modeste et pieux, est le parent pauvre d’une orgueilleuse famille bourgeoise, où on le reçoit assez mal, et où il joue le triste rôle de parasite. […] Vous vous souvenez peut-être de ces tragédies helléniques et patriotiques qu’on jouait sous la Restauration, et qui, d’après les mauvais plaisants, consistaient uniquement à conjuguer le verbe mourir. […] Voltaire, comme s’il avait prévu l’énorme rabais qu’aurait à subir un jour sa gloire d’auteur tragique, aima son théâtre avec une passion de vieillard se cramponnant aux biens qu’il va perdre, et il aima presque autant à jouer ses tragédies qu’à les écrire. […] De lord Holland, qui fut son premier amour, au marquis de Laigues, qui fut son dernier ami, elle commit bien des fautes, fut la cause de bien des malheurs, et bien des fois la tragédie côtoya de près ces romans dangereux, où l’on jouait sa tête en donnant son cœur.

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