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231. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

CCXXXII Mais quand ce message muet eut été ainsi échangé entre nous, je ne pus contenir toute ma joie en moi-même, je saisis toute joyeuse la zampogne suspendue au dossier de mon lit ; sans y chercher aucun air de suite, je lui fis rendre en désordre toutes les notes éparses et bondissantes qui répondaient, comme un écho ivre, à l’ivresse désordonnée de ma propre joie : cela ressemblait à ces hymnes éclatantes que l’orgue de San Stefano jette, parfois, les jours de grande fête, à travers l’encens du chœur, et qui sont comme le Te Deum de l’amour ! […] CCXXXIV Hyeronimo, cette fois, me parut plus fou de joie mal contenue que je ne l’étais moi-même ; il courait et ressautait autour de son cachot, comme un bélier quand il voit entrer dans l’étable la bergère qui va lui ouvrir la porte des champs ; il voulut m’embrasser sur le front comme les autres jours, je me dérobai. […] Je sentis fléchir mes jambes sous moi, et, sans l’épaule de mon frère, à laquelle je me retins, je serais tombée à terre ; le petit chien Zampogna, qui l’avait reconnue avant nous, jappa de joie en voulant s’élancer vers elle, mais je le retins par sa chaîne, et nous fûmes bientôt devant la grille ouverte du cachot d’Hyeronimo. […] Le petit chien, qui avait reconnu son ami, secouait sa chaîne pour s’élancer sur Hyeronimo, jappait de toute sa joie, et, ne pouvant s’appuyer, pour le lécher, sur ses deux pattes, roulait sur nos jambes en recommençant toujours à s’élancer vainement, jusqu’à ce que Hyeronimo l’eût embrassé aussi, à son tour, en pleurant.

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