Dans ce pays de sierras, d’étés brillants, de bise perçante, parmi tant de contrastes physiques, un tempérament s’est formé, aussi dur et aussi énergique que le pays, résistant et tenace, de détente terrible et roide ; substance physique et morale, nerfs, muscles et volonté, tout y est concentré et tendu, impropre à l’épanouissement de la joie pleine, à la facilité de la gaieté légère, à la quiétude du flegme pacifique ; la vie n’y copie point, ne s’y épanche point, ne s’y endort point, mais s’y accumule intense dans la patience sombre de l’attente, ou y éclate violente dans l’explosion exagérée de la passion. […] Il fait bon de s’endormir bercé par ces jeunes voix émues ou rieuses, au son des violes, à l’écho des joies de ce monde qui semble finir….Ainsi quelques années suffisent à détourner le cours des siècles et le penchant des esprits. […] On dirait que la « sombre mise en scène de son livre n’est qu’un artifice d’artiste, un cadre de cyprès destiné à rehausser la volupté de ses contes et la beauté de ses femmes… Quelle joie de vivre au fort de la mort ! […] Aucun dogme, aucun raisonnement ne les enferme dans un être limité ; pour constituer leur idée, Cent émotions vagues et profondes s’assemblent, la joie des yeux qui considèrent leur glorieux épanchement, l’anxiété de l’esprit qui sent la terre soumise à leur empire, le sourd besoin de la pleine vérité dont leur clarté est l’image. […] En 1818, la République déclara qu’ils étaient séparés ; nous nous rappelons tous l’acclamation universelle, le sentiment de joie profonde qui accueillit le manifeste de M. de Lamartine aux puissances.