Évidemment ce n’est pas sans quelque joie mauvaise qu’ils livrent le traître Ganelon, dans la Chanson de Roland, à la grossière et cruelle risée des cuisiniers de Charlemagne26 ; ce n’est pas sans quelque satisfaction d’amour-propre qui se venge que, dans la chanson d’Aïol, ils donnent en proie le jeune seigneur aux gaberies du bon populaire de Poitiers27 : il faut entendre toute la ville se gausser d’Aïol et de l’infortuné cheval Marchegay : Molt le vont porsivant trestout a pié Et serjant et borgeois et escuier Et dames et puceles et ces molliers ; Ains mais n’entra tel joie dedens Poitiers. […] …… Ne serait-ce donc pas faire tort à sa joie d’occuper son âme à penser à ajuster ses pas à la cadence d’un air, ou à placer adroitement une balle… ? […] un parterre du xviie siècle a failli siffler les Plaideurs, et c’est à peine exagérer enfin que de dire que, dans toute sa carrière, l’auteur d’Andromaque et de Bajazet n’a pas remporté de haute lutte une seule victoire, ni pu se reposer dans la joie d’un seul triomphe qu’on ne lui ait aigrement et déloyalement contestés.