Chaque cime semble un bras de géant allongeant sa main flamboyante à travers l’espace, pour allumer la torche que lui tend le sommet voisin, La reine proclame pompeusement la victoire, mais de sourdes réticences démentent la joie qu’elle fait éclater. — « S’ils ont respecté les dieux et les temples de la ville conquise, les vainqueurs ne seront point vaincus au retour… Puisse la cupidité ne point les entraîner aux actions impies ! […] Mais une angoisse inexplicable tourmente en dedans cette joie extérieure ; le malaise étouffant qui couve les orages pèse sur les âmes. […] Le Chœur poursuit son chant morose, plein de paroles malsonnantes qui détonnent sur la joie prescrite. — Que de morts a coûté cette guerre meurtrière ! […] Un dieu est là, comme au festin de l’Odyssée, dont la contrainte invisible fait grincer le rire et pleurer la joie. […] Toute chaude du souffle divin, je m’étendrai bientôt sur la terre. » Le Chœur se plaint de l’obscurité de ses prédictions ; elle lui répond par cette triste et gracieuse image, où brillent les larmes de la vierge qui ne connaîtra pas les joies de l’hymen : — « Eh bien !