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891. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

On sent l’homme qui a vu les Charmettes et conversé peut-être dans sa jeunesse avec madame de Warens. […] L’antiquité, au contraire, ce témoin plus rapproché que nous des origines, s’accorde à représenter ses premiers ancêtres comme des créatures douées de plus de jeunesse, de plus de force, de plus de facultés. « Sur ce point, dit-il, il n’y a pas de dissonance : les initiés, les philosophes, les poètes, l’histoire, la fable, l’Asie et l’Europe n’ont qu’une voix. […] Tant qu’il leur restera du sang, elles viendront l’offrir, et bientôt une rare jeunesse se fera raconter ces guerres désolatrices produites par les crimes de ses pères. » Et il conclut ce magnifique dithyrambe philosophique par ces mots les plus fatalistes qu’aucune plume ait osé écrire : La guerre est donc divine, puisque c’est une loi du monde. […] Il s’arrêtait à chaque instant, comme rappelé par quelque voix intérieure derrière lui, et il improvisait des souvenirs, des plaisanteries ou des sublimités de philosophie qui nous faisaient passer des larmes au fou rire et du fou rire de la jeunesse à l’enthousiasme de l’admiration.

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