Quinet dont nous parlerons tout à l’heure, appartient comme lui à cette génération infatigable et généreuse, pure, avide d’espérance, insatiable de beaux désirs, de laquelle lui-même il a dit en un endroit : Toute une nation puissante qui s’éprend Pour le bien, pour le bon, pour le beau, pour le grand ; Et toute une jeunesse ardente et sérieuse, Qui pâlit de travail, et, les larmes aux yeux, Cherchant son avenir, au plus profond des cieux Suit l’étoile mystérieuse. […] La coupe de ma victoire, le vin de mon combat, ces fumeuses images reviennent souvent dans ses vers et accusent précisément l’excès de chaleur de cette poésie généreuse, de cette muse inculte et brave, dit quelque part André Chénier. — Vers 1813, en Prusse et bientôt par toute l’Allemagne la jeunesse teutonique confédérée eut ses poëtes patriotes, ses Tyrtées. […] C’est pourtant singulier et piquant que nous qui, en 1836, étions si peu chaud pour les souvenirs du premier Empire, nous ayons si franchement accepté le second, non point par enthousiasme sans doute, mais par bon sens, et comme la solution pratique la meilleure aux difficultés où était alors engagée la France, et que nous nous trouvions aujourd’hui si à distance des poëtes qui n’avaient cessé, durant toute leur jeunesse, de préconiser et de chanter, que dis-je ?