Âme cynique dans son enfance, vicieuse dans sa jeunesse ; soif de la gloire, par le paradoxe dans sa vie d’écrivain ; recherche dédaigneuse de la société aristocratique dans son âge mûr ; affectation de la popularité démocratique par le cynisme du désintéressement et par la pauvreté volontaire dans ses dernières années ; démence évidente et suicide problématique à la fin. […] Rousseau la décrit comme le génie de la jeunesse sait seul décrire un pressentiment de l’amour dans un paysage de la moderne Arcadie. […] L’ambassadeur de France à Lucerne le recueille par pitié pour sa jeunesse, et lui donne de l’argent et des recommandations pour Paris ; il arrive à Lyon, reçoit des nouvelles de madame de Warens, revenue à Chambéry, l’y rejoint, s’y fait arpenteur de cadastre, puis maître de musique. […] Dans un voyage à Genève, il passe avec Thérèse à Chambéry comme on repasse sur les traces de sa jeunesse dans un jardin couvert de ronces ; il y trouve madame de Warens dans l’abandon et dans la misère ; sa pitié est froide comme un passé refroidi. […] Confessions séduisantes, mais corruptrices, embusquées, comme une courtisane au coin de la rue, au commencement de la vie, pour embaucher la jeunesse, pour dévoiler les nudités de l’âme à l’innocence, et pour se glorifier de tous les vices en humiliant toutes les vertus !