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367. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Mais ce drame, soulevé, comme Werther, par les applaudissements frénétiques de la jeunesse, éclatait déjà sur tous les théâtres. […] « Guillaume de Humboldt, dit Schiller à Goethe, trouve, comme moi, que l’âge vous mûrit sans vous affaiblir, et que votre esprit est dans toute sa mâle jeunesse et dans toute sa plénitude créatrice. » — « Puisque j’ai, outre votre suffrage, celui de Guillaume de Humboldt, je continue avec confiance. […] L’Angleterre a oublié sa grande parole, l’Italie a perdu sa grande poésie, l’Espagne sa grande gaieté comique ; la France elle-même se sent, malgré les jactances de sa jeunesse littéraire, dans une sorte de décadence orgueilleuse qui l’attriste elle-même. […] Ces trois hommes ont eu des imitateurs trop tentés par les succès faciles du ricanement spirituel ; ils règnent aujourd’hui sur la jeunesse au cœur léger ; ils la mènent en chantant et en titubant, comme des ménétriers ivres dès le matin, aux fêtes d’un carnaval éternel de l’esprit. […] Il n’y a plus de jeunesse, comment y aurait-il une maturité féconde ?

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