Pour un homme qui n’a pas eu des voisinages par trop différents dans sa jeunesse, ce sont là des choses de milieu, sous-entendues et devinées ; c’est un peu comme l’air respirable, dont il n’est pas besoin de raconter que chacun des personnages prend sa part. […] L’amitié avec la nature peut vivre autant que nous, mais elle n’a qu’une saison pour commencer : celle de la première jeunesse, l’heure matinale, où le cœur, doué d’une puissance de désir et d’émotion qui ne sera jamais plus grande, n’est encore pris à rien et peut se prendre à tout, parce que les tendresses qui l’occuperont ne sont pas encore nées. […] La jeunesse de l’auteur s’est écoulée parmi ces campagnes un peu tristes. […] Créations plus puissantes que leur créateur même, puisqu’elles peuvent se faire entendre de tant de milliers de personnes ; plus durables que lui, plus persuasives, et qui ne sont, cependant, qu’une émotion de ce cœur d’homme traduite artistement, une journée qu’on a crue perdue et qui vivra à jamais peut-être, un souvenir à qui la jeunesse est revenue ! […] Par un privilège de la jeunesse, la douleur est ce qui compte le plus dans toute vie humaine, et ce qui s’imagine le moins bien, quand on n’a pas souffert.