Est-ce un eunuque Narsès de notre beau siècle, ayant arraché à nos poètes leur virilité et à notre langue sa jeunesse pour les rendre timides, serviles et stériles comme lui-même ? […] L’Amérique n’a encore que la supériorité de la jeunesse. […] Les études sévères, seule consolation des infirmités précoces qui attristèrent son enfance et sa jeunesse, avaient appliqué en lui ce bon sens au bon goût dans les lettres. […] La Fontaine avait des grâces enfantines de langue et des hasards heureux de poésie qui devaient engouer longtemps la France ; mais les grâces enfantines s’évaporent avec la jeunesse et ne survivent pas longtemps à la maturité des peuples. […] XXVIII La France était jeune dans les lettres quand il parut ; elle pouvait se jeter dans les excès de jeunesse et de sève, écarts antipathiques à son génie national, génie vrai, sensé, modéré, logique, délicat, génie qui avait besoin, comme la jeunesse, d’un instituteur sévère et un peu froid.