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1131. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Nous rendrons, sur le premier de ces deux articles, la justice qui est due aux soins de la plupart des maîtres ; mais nous en appelons en même temps à leur témoignage, et nous gémirons d’autant plus volontiers avec eux sur la corruption dont on ne peut justifier la jeunesse des collèges, que cette corruption ne saurait leur être imputée. […] Parmi les différentes inutilités qu’on apprend aux enfants dans les collèges, j’ai négligé de faire mention des tragédies, parce qu’il me semble que l’Université de Paris commence à les proscrire presque entièrement : on en a l’obligation à Rollin, un des hommes qui ont travaillé le plus utilement pour l’éducation de la jeunesse ; à ces déclamations de vers il a substitué les exercices, qui sont au moins beaucoup plus utiles, quoiqu’ils pussent l’être encore davantage. […] Nous faisons grâce à nos lecteurs d’un plus grand détail, et nous ne doutons point que ceux qui président aujourd’hui à ce collège, ne fissent main-basse, s’ils en étaient les maîtres, sur des puérilités si pédantesques et de si mauvais goût : ils sont trop éclairés pour ne pas sentir que le précieux temps de la jeunesse ne doit point être employé à de pareilles inepties. […] On exhorte ceux qui président à l’instruction de la jeunesse à s’examiner soigneusement sur un point de si grande importance. […] Au reste, si l’éducation de la jeunesse est négligée, ne nous en prenons qu’à nous-mêmes, et au peu de considération que nous témoignons à ceux qui s’en chargent ; c’est le fruit de cet esprit de futilité qui règne dans notre nation, et qui absorbe, pour ainsi dire, tout le reste.

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