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642. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Quand l’auteur des Épaves dit à son jeune ami : Vis et chante à l’écart ; dans tes rimes heureuses, Réfléchis les splendeurs du tranquille univers ; A la fleur, à la femme, à ces choses trompeuses, Ne prends que les parfums qu’il te faut pour tes vers ; quel poëte voudrait suivre à la lettre ce conseil après avoir lu M.  […] Il arrive souvent aux grands poëtes sur le déclin des ans de susciter en de jeunes cœurs des admirations passionnées qui ressemblent à de l’amour : ainsi Gœthe enflamma le cœur ou la tête de Bettina ; ainsi Lamartine, ainsi Chateaubriand en ont enflammé bien d’autres. […] A quelque noble arbuste enlace, ô jeune Vigne ! […] Songe que tu dois me survivre ; que tu seras encore longtemps jeune quand je ne serai plus. […] Même en éloignant et en repoussant son hommage, il ne serait pas fâché d’occuper, d’agiter ce jeune cœur, de lui laisser un trouble, un long regret, un levain immortel, une goutte du philtre qui, s’il ne sait plus donner, sait du moins corrompre et empoisonner à jamais le bonheur35.

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