Palma Cayet, qui était pour lors son répétiteur, nous a conservé une ou deux de ces maximes qu’il nous cite et que le jeune prince avait retenues. […] Ronsard y raconte à l’un de ses amis, Pierre Lescot, l’un des architectes du Louvre, comment dès son enfance il résistait à son père qui lui disait de renoncer à la poésie, et comment déjà le démon du rêve et de la fantaisie le transportait ; je crois bien qu’en la mettant à l’âge de douze ans, alter ab undecimo…, il antidate un peu sa jeune manie, pour la mieux peindre ; mais il exprime cela en jeune homme qui n’a pas cessé d’en être possédé au moment où il en parlef : Je n’avois pas douze ans, qu’au profond des vallées, Dans les hautes forêts des hommes reculées, Dans les antres secrets, de frayeur tout couverts, Sans avoir soin de rien je composois des vers. […] Qui baculo nitens, in qua reptavit arena, etc. », Saint-Gelais dira : « Ô bienheureux… Qui d’un bâton et du bras secouru Va par les champs où jeune il a couru ! […] Par exemple il dira : « Ô bienheureux celui… Qui se soutient les bras d’un bâton appuyés, Parmi les champs où jeune alloit à quatre pieds ! […] Mais à son heure, et encore jeune, il jugeait bien de toute cette littérature antérieure ; et c’est à lui que Balzac adressait, à une date qui doit être des premiers mois de 1640, cette lettre souvent citée où il lui disait : Mais est-ce tout de bon que vous parlez de Ronsard, et que vous le traitez de grand ?