/ 2687
2635. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Mais nous ne le savons qu’en gros ; et, de nous le dire avec exactitude, voilà ce qui devrait tenter, me semble-t-il, comme un devoir de piété, quelqu’un de nos jeunes érudits, avant qu’un Allemand s’emparât du sujet. […] Enfin Mme de Staël, morte jeune, en 1817, n’a pas eu le temps de voir tous les effets de ses doctrines et d’en corriger peut-être quelques endroits excessifs, mais Chateaubriand a vécu jusqu’en 1848, assez longtemps pour voir sortir de lui toute sa descendance, en être épouvanté, et la désavouer… Je vous laisse le soin de continuer le parallèle, et je viens à ce que je veux vous dire de leurs doctrines et de leur influence. […] Enfin, ce qu’il y a de plus fâcheux et de plus irritant que tout le reste, c’est l’abus de l’allusion politique, où se trahissent les intentions et, les ambitions du jeune professeur qui se croit appelé à quelque destinée plus haute que d’interpréter en Sorbonne les textes des autres. […] Ainsi, toute une province de la société du xviiie  siècle revit ou plutôt continue de respirer encore dans la comédie de Marivaux, et une autre, déjà plus corrompue, dans les romans de Duclos et du jeune Crébillon. […] Et, il est bien vrai que L’Histoire de France de Michelet n’a commencé de paraître qu’en 1833 ; mais comme nous l’allions voir, Sainte-Beuve était alors encore assez jeune, et sa méthode encore assez flottante, pressentie plutôt que définie, pour qu’il ne nous soit pas permis de douter de l’influence que les généralisations de Michelet ont exercée sur lui.

/ 2687