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1721. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Cet homme de haut esprit, qui, d’ailleurs, comme tout le monde, voit mieux dans le jeu du voisin que dans le sien, dit du fond de son cœur à son jeune ami que pour un artiste toute blessure doit être féconde, et que celui-là n’a rien produit de durable qui n’a pas souffert ce qu’il chante, ce qu’il peint ou ce qu’il écrit : Ah ! […] Nous devons avoir éprouvé, ne fût-ce qu’une heure, les mille émotions dont peut vibrer l’homme, notre semblable, — et tout cela pour qu’un inconnu, dans dix ans, dans cent ans, dans deux cents, lise de nous un livre, un chapitre, une phrase peut-être, qu’il s’arrête et qu’il dise : Voilà qui est vrai, et qu’il reconnaisse le mal dont il souffre… Oui, c’est un jeu terrible que celui-là, et l’on court le risque d’y rester. […]   À quoi bon la merveille de transporter un fait de nature en sa presque disparition vibratoire, selon le jeu de la parole cependant, si ce n’est pour qu’en émane, sans la gêne d’un reproche ou concret rappel, la notion pure ? […] Adieu jeunesse, jeux et ris, L’amour, la guerre ; adieu souris,             Adieu, minette, Horizons roses, verts sentiers, Châteaux, en Espagne, paniers,             Vendange est faite !

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