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172. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Il s’était exercé jusque-là dans de petites compositions, dans des jeux d’esprit scolaires ou académiques ; il va continuer dans le même sens, en étendant un peu ses cadres. […] Quaeque suis agitur studiis, sua cuique cupido est… Du sein des nuages, Cupidon lui-même prépare furtivement ses doux pièges, il exerce son art et fait son jeu ; prenant son carquois, il en a tiré des traits délicieusement perfides et trempés d’un charmant poison ; il les lance sur nos groupes de nymphes, le méchant ! […] Un manuscrit de la Bibliothèque impériale (Suppl. fr., n° 1016 in-fol.), qui a appartenu à M. de Boze, porte en marge à la première page : Juvenilia Flecheriana 80 ; et en tête : Divertissements, jeux d’esprit ou passe-temps de la jeunesse d’une des premières plumes de ce siècle, et au-dessous : Amusements de la jeunesse d’un homme illustre. […] On va souvent voir une dame, parce qu’il y a toujours compagnie chez elle ; que c’est un réduit de gens d’esprit et de qualité ; qu’on y parle toujours de bonnes choses, ou au moins d’indifférentes ; que l’on se fait connaître, et que l’on se met sur un pied à pouvoir se passer de jeu et de comédie, qui sont les plus ordinaires occupations des gens du siècle qui n’ont rien de meilleur à faire. […] C’est ainsi qu’il dira, par le même jeu de mots que Racine : « Cependant il est certain que pendant qu’il (un mari) faisait brûler ce chaume, sa femme brûlait d’amour avec son galant. » Pour marquer la fécondité des femmes de Clermont, et le grand nombre d’enfants qu’ont la plupart d’entre elles, il dira que la petite vérole, qui est la contagion des enfants, « s’étant répandue, s’est enfin lassée dans la ville, et après en avoir emporté plus de mille, s’est retirée de dépit qu’elle a eu qu’il n’y parût pas ».

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