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1377. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Tandis que les acteurs gesticulaient et déclamaient, les gentilshommes et les officiers avec leurs panaches et leurs rabats de dentelle d’or, debout ou accroupis sur le théâtre, tournant le dos, hautains et à leur aise au milieu des comédiens gênés, riaient, criaient, tenaient des brelans, se jetaient les cartes à la tête, ou jouaient ensemble dans l’ombre, sur le pavé ; parmi les pots de bière et les pipes, on entrevoyait le peuple. […] Si l’assassinat tranchait à la fois toutes ses conséquences, et que le moment qui le termine lui livrât le succès ; qu’après ce seul coup on pût dire : Voilà tout, voilà qui finit tout, au moins ici-bas, sur ce rivage, sur cette île étroite du temps, nous jetterions au hasard la vie à venir. — Mais, en pareil cas, nous subissons toujours cet arrêt, que les sanglantes leçons enseignées par nous tournent, une fois apprises, à la ruine de leur inventeur. […] XVII Hugo, dans une œuvre d’un style égyptien mais souvent taillé en blocs comme les pyramides, a analysé Shakespeare ; il est difficile de mesurer et plus difficile de porter ces blocs ; ils sont jetés avec profusion et souvent sans symétrie et sans choix les uns sur les autres, mais il y en a beaucoup qui révèlent la pensée et la force d’un cyclope du style.

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