Mais nul d’entre eux et parmi les plus distingués, ni Bulwer, ni Lister, ni Normanby, ni Byron (écrivain de high life dans les derniers chants du Juan et dans ses Mémoires), ni le comte d’Orsay, qui avait commencé par écrire et qui, s’il avait continué, aurait plus marqué comme écrivain et comme observateur de high life que comme artiste, nul n’avait effleuré de sa pensée le sujet que Balzac, au début de sa vie intellectuelle, avait résolu de creuser. […] Eu supposant qu’ils eussent influé sur l’animal « aux têtes frivoles » des salons et des boudoirs, auraient-ils assez régné sur la partie vraiment intellectuelle de la société à laquelle ils appartenaient pour que toute une littérature les reflétât et les caressât en les reflétant, comme un miroir d’Armide tenu par des mains amoureuses ? […] Les historiens littéraires qui s’occuperont un jour de Balzac avec le respect et le sérieux que l’on doit à cette Majesté intellectuelle, reconnaîtront, je n’en doute pas, la vérité d’une observation que je n’ai qu’indiquée, et ne me donneront pas de démenti. […] L’homme et le génie ne sont pas infinis… Mais, tout de même que ce gros homme dont Cyrano de Bergerac disait qu’on ne pouvait pas le bâtonner en un seul jour, Balzac, plus grand que cet homme n’était gros, a besoin de plus d’un jour aussi pour être éclairé en plein sur tous les points de sa circonférence intellectuelle, et la lentille enflammée de nos phares a encore du temps à tourner !