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208. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Partant, la couleur et la figure visible ne sont que des événements intérieurs, en apparence extérieurs Toute l’optique physiologique repose sur ce principe, et, pour en sentir la solidité, il n’y a qu’à parcourir, entre cent, quelques-uns des cas où la couleur et la figure apparente naissent d’elles-mêmes, sans qu’aucun objet extérieur ni aucun faisceau de rayons lumineux ébranle directement ni indirectement le nerf. […] Supposez ces centres excités et ces conducteurs inactifs ; la figure colorée naîtra et paraîtra intérieure. […] J’éprouve une démangeaison en un point du dos, et j’en sais l’endroit ; mais je ne le sais point ou je le sais mal, par la représentation visuelle ; je ne me figure pas clairement la vertèbre ou la côte, le renflement de muscle ou le creux d’échine, dont ce picotement est voisin ; il n’est pas associé, comme dans le pied, la main, le bras, le visage, à tel point précis d’une forme figurée à l’œil intérieur. […] À la vérité, pour l’intérieur de la bouche, c’est la seconde représentation qui nous sert le plus, parce que la langue fait l’office de main ; par exemple, nous ne discernons et imaginons que par des images tactiles et musculaires les mouvements qu’il nous faut faire pour proférer les divers sons et les articulations du langage. […] À ce fantôme intérieur et passager qui apparaît comme chose permanente et indépendante correspondent ordinairement, trait pour trait, une Possibilité et une Nécessité permanentes et indépendantes, la possibilité de telles sensations sous telles conditions, la nécessité des mêmes sensations sous les mêmes conditions plus une condition complémentaire.

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