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399. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

On rit, pendant longtemps, de la bonne opinion que Saint-Sorlin avoit de lui-même ; mais, pour que toute plaisanterie cessât, il eut l’adresse de faire de ses intérêts ceux de la France, d’opposer ses grands hommes à tous ceux d’Athènes & de Rome. […] En poësie, comme en peinture, la division d’intérêt est le plus grand de tous les défauts. […] M. de Voltaire prétend qu’il étoit aisé de jetter de l’intérêt dans les six derniers chants ; qu’il n’y avoit qu’à représenter Énée & Turnus tout autrement qu’ils ne sont ; qu’il falloit peindre celui-ci à son désavantage, & l’autre avec tout l’héroïsme possible. […] Il trouve que, dans l’Énéide, l’intérêt augmente par dégrès, de livre en livre ; que les six derniers sont autant au-dessus des six premiers, que l’Iliade est au-dessus de l’Odissée. […] Il découvre une plus belle matière à traiter ; de plus grands événemens à développer ; un palais plus vaste & plus digne d’admiration ; intérêt de nation, intérêt de famille, intérêt de politique, intérêt de religion, de curiosité.

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