/ 1503
935. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Les instincts de pillage, de tuerie, de violence, qui avaient poussé tous ces rêveurs et tous ces gueux sur la poussière des chemins, faillirent coûter cher à la jolie cité sévillane. […] Tâchons de conformer davantage nos lois et nos mœurs aux instincts éternels qui donnent à la vie toute sa saveur et tout son prix. […] C’est un sophisme commun à ceux qui cherchent la popularité en faisant la cour aux instincts les plus abjects de l’homme, de prétendre que ceux qui veulent réprimer l’ivrognerie, et d’autres vices, par la législation si c’est nécessaire, s’efforcent de dérober toute joie de la vie, tandis que la misère, la tristesse et le désespoir de la vie sont liés au crime. […] Il n’est rien, dans leur pays, qui ne froisse nos habitudes, qui ne choque notre goût, qui ne déconcerte nos instincts. […] Une suite de rois justiciers, « droituriers et aumôniers », un concours de circonstances heureuses, quelques périodes de paix, une ample moisson de gloire donnent aux Français le goût de vivre, l’instinct d’agir, le loisir de rêver.

/ 1503