« Car l’homme, ajoute-t-il, doit se souvenir qu’il n’est pas seulement pour lui seul, mais pour les siens, pour sa patrie, et que c’est de la moindre partie de lui-même qu’il lui est permis de s’occuper ; et, comme la nature nous a doués d’un invincible attrait pour la vérité, inspirés que nous sommes par ce noble instinct, nous aimons forcément tout ce qui est vrai et réel, comme la bonne foi, la fidélité, la candeur, la constance, et nous haïssons tout ce qui est faux et trompeur, comme la fraude, le parjure, la méchanceté, l’injustice. […] Certes, s’il appartenait à quelqu’un au monde d’estimer qu’il n’y a de bien que dans la vertu, c’était à vous. » XXIX Cicéron démontre ensuite, avec une évidence véritablement révélatrice, que l’honnête, ou le souverain bien, est un instinct de notre nature intellectuelle aussi irréfutable que le bien-être physique est un instinct de nos sens matériels ; de là, dit-il, ces législations, aussi divines qu’humaines, qui établissent les rapports des hommes entre eux sur les bases d’une équité sociale, qui est la conscience publique du genre humain. […] Cet excès, dit-il, n’est pas conforme à la nature complexe d’un être formé d’âme et de corps, et qui a été doué d’un instinct de conservation. […] Quant à moi, ajoute-t-il, je doute si éteindre la piété envers la divinité, ce ne serait pas anéantir du même coup la bonne foi, la conscience, la société humaine tout entière, et la vertu qui supporte à elle seule le monde, je veux dire l’instinct de la justice !