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308. (1813) Réflexions sur le suicide

Une sorte de rage est nécessaire pour vaincre en soi l’instinct conservateur de la vie, quand ce n’est pas un sentiment religieux qui nous en demande le sacrifice. […] Le Martyre apprend aux hommes quelle force il y a dans la conscience, puisqu’elle l’emporte sur l’instinct physique le plus puissant : le Suicide prouve bien aussi le pouvoir de la volonté sur l’instinct, mais c’est celui d’un maître égaré qui ne sait plus tenir les rênes de son char et se précipite dans l’abîme au lieu de se diriger vers son but. […] Ce qui distingue la conscience de l’instinct, c’est le sentiment et la connaissance du devoir, et le devoir consiste toujours dans le sacrifice de soi aux autres. […] Le Suicide relatif à soi, que nous avons soigneusement distingué du sacrifice de son existence à la vertu, ne prouve qu’une chose en fait de courage, c’est que la volonté de l’âme l’emporte sur l’instinct physique : des milliers de grenadiers donnent sans cesse la preuve de cette vérité.

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