/ 1503
1357. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Bref, il me semble qu’il y a eu, dans le fait de Molière, beaucoup plus d’instinct et beaucoup moins de réflexion ; qu’il a agi, dans tout ceci, en poète comique attentif aux ridicules et aux vices de son temps, bien plus qu’en philosophe ennemi du surnaturel. […] Agnès est féroce ; Agnès n’est qu’une petite bête d’instinct ; et là, d’ailleurs, est sa vérité et sa puissance. […] Et je sais bien, encore une fois, qu’il faudrait distinguer la bonté de la pitié, et la pitié de l’ébranlement des nerfs devant certaines images ; et qu’on peut pleurer tous les jours sur les souffrances des hommes et sur la détresse de vivre, et se révéler parfaitement égoïste et féroce dans les affaires où notre intérêt personnel est engagé ; et aussi que les foules demeurent brutales dans leur fond et qu’il ne faut qu’une occasion pour déchaîner cette brutalité… Tout cela est possible ; et il est possible qu’à la diminution des instincts cruels corresponde une décroissance des énergies morales et, encore, que telles « mufleries » soient pires que des crimes. […] Il n’a rien vu ; seulement l’instinct de quelque chose d’inconnu et qu’il ne devait pas voir l’a fait reculer d’épouvante.

/ 1503