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258. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Les princes et les rois s’honoraient d’y venir passer quelques instants, et d’y prendre, pour ainsi dire, leurs grades de beaux-esprits ou d’esprits-forts. […] La seule pensée de celui-ci, son ombre, lui donnait, dès l’instant qu’elle en parlait, le vertige sacré des prêtresses ; elle prédisait à tous venants sa sortie de l’île d’Elbe et les maux qui se déchaîneraient avec lui. […] En ces moments de craquement universel, il arrive, j’imagine, que l’idéal, qui est derrière ce monde terrestre, se révèle, apparaît rapidement à quelques yeux, et l’on croit qu’il va s’introduire : mais la fente se referme aussitôt, et l’œil qui avait vu profondément et juste un instant, en continuant de croire aux rayons disparus, s’abuse et n’est plus rempli que de sa propre lumière. […] Elle eût peut-être sauvé Labédoyère, si elle avait obéi à une seule pensée : mais des suggestions diverses se succédaient près d’elle ; l’inspiration variait au gré de la dernière personne qu’elle voyait ; et l’une de ces personnes, hostile à Labédoyère, avait grand soin de ne la quitter que peu d’instants avant l’heure de l’empereur Alexandre, lequel trouvait la bonne inspiration clémente toute combattue et refroidie.

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