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169. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Il semble que vers l’origine du monde, l’homme, peu assuré des bienfaits de la nature, s’étonnait, pour ainsi dire, à chaque instant, de n’en être pas abandonné ; et le désordre qu’il voyait dans plusieurs endroits de la terre encore sauvage, lui faisait mettre un plus grand prix à l’ordre constant qu’il apercevait dans les cieux. […] une fête établie pour la révolution des siècles, l’idée de la divinité pour qui tous les siècles ensemble ne sont qu’un moment, la faiblesse de l’homme que le temps entraîne, ses travaux qui lui survivent un instant pour tomber ensuite, les générations qui se succèdent et qui se perdent, les malheurs et les crimes qui avaient marqué dans Rome le siècle qui venait de s’écouler, les vœux pour le bonheur du siècle qui allait naître ; il semble que toutes ces idées auraient dû fournir à un poète tel qu’Horace, une hymne pleine de chaleur et d’éloquence ; mais plus un peuple est civilisé, moins ses hymnes doivent avoir et ont en effet d’enthousiasme.

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