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623. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Qu’il y a eu, avant ce déluge général ou même partiel, attesté par toutes les traditions orientales, une époque de civilisation supérieure à ce qui fut après ce cataclysme de l’humanité ; que cette époque de civilisation antédiluvienne touchait de plus près elle-même à une autre époque encore supérieure en innocence, en science, en facultés, en félicités de l’homme ici-bas avant cette grande et mystérieuse déchéance, tradition universelle aussi, qui chassa l’humanité primitive de ce demi-ciel appelé l’Éden ou le jardin ; que des traditions de cette philosophie de l’Éden ou du jardin avaient survécu dans l’humanité déchue, et qu’enfin, après le second naufrage de l’humanité antédiluvienne, quelques grandes vérités et quelques grandes philosophies, restées dans la mémoire de quelques sages ou prophètes échappés à l’inondation universelle ou partielle, avaient surnagé, et inspiraient encore de temps en temps l’esprit de l’homme dans l’Orient, scène encore humide de la grande catastrophe. […] Mais, tout à coup, comme pour se faire pardonner par Dieu et par ses amis ces blasphèmes, il change de note, et il exhale l’hymne le plus inspiré et le plus majestueux que la bouche de l’homme ait jamais balbutié au Tout-Puissant. […] Inspirez-moi, et j’oserai parler ! […] Examinons la philosophie de ce poème, et voyons si, après tant et tant de siècles de réflexions, de discussions, de prétendus progrès dans la voie de Dieu, nous avons fait un seul pas de plus dans cette philosophie évidemment innée, révélée ou inspirée à l’homme des anciens jours, et que nous appelions au commencement de cet entretien la tradition antédiluvienne ou la philosophie du Jardin (de l’Éden).

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