Si l’amour qu’elles inspirent est la gloire de la vie pour les femmes, on ne conçoit pas très bien le scrupule de convenance qui, pendant trente ans, a empêché la publication de ces lettres… Au point de vue de leur contenu et de la morale vulgaire, la seule que généralement on invoque, elles sont sans aucun inconvénient pour la mémoire de Madame Récamier, qui reste en ces lettres ce qu’elle fut toute sa vie, c’est-à-dire la plus pure et la plus vertueuse des mondaines de son siècle. […] Elle avait cette insondable pureté du cœur qui est un glaçon de cristal auquel on se coupe et qui fait saigner les âmes tendres, et elle avait aussi, a-t-on dit, la grâce de la bonté, la plus divine de toutes les grâces, qui faisait pardonner le mal involontaire que faisait sa beauté autour d’elle ; car sa beauté avait un rayonnement meurtrier, et l’amour qu’elle inspirait était une contagion dont on pouvait ne pas guérir.