Je cède seulement à la crainte que m’inspire un songe que j’ai eu pendant mon sommeil : il m’avertit que tu dois vivre peu de temps, et que la blessure d’une pointe de fer causera ta mort. […] Astyage, dissimulant le vif ressentiment que lui inspirait ce qui s’était passé, raconta de son côté à Harpagus ce qu’il avait appris du pâtre, et, après avoir tout répété, termina en disant : « que l’enfant vivait encore, et qu’il s’en réjouissait ; car, ajouta-t-il, je souffrais beaucoup de ce que j’avais fait, et je n’étais pas moins affligé de la peine que j’avais causée à ma fille. […] « Amyntas, témoin de ces insultes, quoique irrité dans l’âme, ne laissa rien percer de son ressentiment, par la crainte que lui inspirait la puissance des Perses ; mais Alexandre, son fils, qui était présent et voyait ce qui se passait, jeune et sans expérience des maux qu’il pouvait attirer sur son pays, ne put se contenir ; et, dans l’indignation qu’il éprouvait, dit à son père : « Laissez, mon père, laissez cette jeunesse avec laquelle il ne vous convient pas de vous commettre, et allez prendre quelque repos ; donnez ordre seulement qu’on n’épargne pas le vin.