Quant au dehors, il me fut moins difficile de leur démontrer que l’Angleterre considérerait immédiatement ce pacte de famille en Espagne comme une déclaration de guerre à ses influences à Madrid ; que Louis-Philippe lui paraîtrait un transfuge de son alliance dans une alliance dynastique indépendante de l’Angleterre, et qu’à partir de cet acte (prise de possession de l’avenir en Espagne, pierre d’attente de l’union des deux monarchies, la France et l’Espagne), le cabinet de Londres abandonnerait le cabinet d’Orléans à l’animadversion des puissances du Nord, animadversion que l’Angleterre seule avait contenue jusqu’à ce jour. […] Cet habile négociateur jugea, au contraire, qu’il était de l’intérêt bien entendu de la France de s’allier avec la maison d’Autriche pour empêcher la Russie de déborder trop irrésistiblement sur l’Occident, et pour empêcher la Prusse de créer à son profit cette unité ambitieuse de l’Allemagne qui étoufferait sous sa masse toute influence française sur le Rhin et au-delà du Rhin. […] Sans le crime diplomatique de Bayonne et sans l’extravagance militaire de Moscou, les deux monarchies réunies étaient à jamais arbitres du continent pacifié ; leur influence irrésistible excluait l’Angleterre, dominait la Russie, régentait la Prusse, pacifiait l’Italie et l’Espagne.