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1647. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Mais il faut bien se rendre compte d’avance que ces habitudes, suivant qu’elles sont plus ou moins pratiques et heureuses, ont une influence directe sur les résultats de l’activité scientifique. « Ces arrangements personnels de bibliothèque, dit E. […] Chaque trait de la vie d’un auteur fournit matière à des raisonnements ; on construit par conjecture toutes les influences qui ont pu agir sur lui et on admet qu’elles ont agi. […] Cependant, dans la littérature historique de la Renaissance, deux nouveautés méritent d’attirer l’attention, où s’accuse sans contredit l’influence médiévale. — D’une part, on voit persister la faveur d’un cadre, inusité dans l’antiquité, créé par les historiens catholiques des bas siècles (Eusèbe, Orose), très goûté au moyen âge, celui qui, au lieu d’embrasser seulement l’histoire d’un homme, ou d’une famille, ou d’un peuple, embrasse l’histoire universelle. — D’autre part, un artifice matériel d’exposition, né d’une pratique en vigueur dans les écoles du moyen âge (les gloses), s’introduit, dont les conséquences ont été de première importance. […] Sous l’influence du mouvement romantique, les historiens cherchèrent des procédés d’exposition plus vivants que ceux de leurs prédécesseurs, propres à frapper, à « émouvoir » le public, à lui donner une impression poétique des réalités disparues. — Les uns s’efforcèrent de conserver la couleur des documents originaux, en les adaptant : « Charmé des récits contemporains, dit Barante, j’ai tâché de composer une narration suivie qui leur empruntât l’intérêt dont ils sont animés » ; cela mène directement à supprimer toute critique, et à reproduire ce qui fait bien. — Les autres professèrent qu’il faut présenter les faits passés avec l’émotion d’un spectateur.

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