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1950. (1911) Nos directions

On sait comment il composait ses œuvres, les écrivant tout d’une haleine, les livrant à l’impression, et travaillant seulement sur épreuves, aux ciseaux. […] L’action ne doit plus s’arrêter pour que la rattrape l’orchestre après de superflus détours, ni telle scène d’amour ou de meurtre se prolonger de façon arbitraire, pour qu’en grossisse l’impression. […] Il ne s’agit pas dans l’orchestre de dire tout, mais l’important, c’est-à-dire de traduire l’impression immédiate, vivante, humaine, que comporte chaque situation, et non quelque métaphysique ténébreuse du genre de celles dont Wagner alourdit ses chefs-d’œuvre les plus spontanés. […] De la même suite d’accords ou du même dessin d’orchestre, toujours il évoqua l’un et l’autre à la fois, pour une impression commune ; la profondeur des souterrains et l’anxiété de Golaud, « tout l’air de toute la mer » et la jeune ivresse de Pelléas, la fraîcheur de la fontaine et l’inconscience des amants, ces choses vont par deux et chantent d’une seule voix, émue. […] Là, plus qu’ailleurs encore, cette vérité apparaît, qu’un mouvement trop répété donne à la fin l’impression de l’immobilité complète.

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