L’âme n’est perceptible que par la conscience qu’elle a d’exister ; elle ne perçoit les impressions du monde extérieur que par ses sens, impressions qu’elle communique à son tour au monde extérieur par l’intermédiaire de ces mêmes organes appelés sens. […] Elle subit et elle exerce une pression ou impression universelle de toutes les choses et sur toutes les choses avec lesquelles elle est en communication par ses organes matériels, distincts, mais immergés dans l’océan des êtres appelés intellectuels. […] Indépendamment de toutes ces impressions spontanées que la nature, sans l’assistance d’aucun art, produit sur l’âme, les arts, c’est-à-dire cette multiplication des effets de la nature sur les sens (car un art n’est que cela), les arts, disons-nous, multiplient à l’infini ces impressions de l’âme. […] L’un est l’art de multiplier les impressions de l’âme par les sons ; l’autre est l’art de multiplier les impressions de l’âme par la vue, par les formes, par les couleurs, par les illusions que le dessin des contours, l’ombre et la lumière, les teintes, les nuances imitées de la nature font sur les yeux. […] … Aussi ce tableau, véritable révélation d’une poésie du pinceau inconnue au monde, fit-il sur les spectateurs l’impression que des livres tels que Paul et Virginie ou Atala auraient pu faire sur les imaginations.