Mais s’il m’est impossible de lui écrire comme il me plaît, n’est-ce pas toute la liberté de la correspondance, une forme de la liberté de conscience, qui est supprimée ? […] On sait bien que si les hommes pouvaient à tout moment lire les pensées des autres hommes, la vie serait rendue impossible. […] On y parlait d’un sénateur qu’on espérait rendre favorable à tel parti en subventionnant son écurie de course ou son journal ; on escomptait le désistement d’un autre candidat qu’on croyait prêt à accepter une indemnité, etc… Après la publication d’un document de cette nature, toute compensation aux torts qu’il a causés apparaît comme tellement impossible, que, quoique cette lettre n’ait pas été vendue mais volée, ni Pierre**, ni H** ne tentèrent la moindre poursuite. […] Et puis il est impossible d’en exiger la publication et puis encore, le classement prévu est à peu près inefficace… Reconnaissons pourtant qu’il n’est pas déraisonnable d’y songer, et pas inutile d’en parler. […] On a objecté qu’après cinq ou six générations, il est pratiquement impossible de maintenir entre différentes familles héritières un capital indivis comme l’est celui qui est représenté par des droits sur l’œuvre d’un écrivain.