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576. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Je n’ignore pas que les musiciens peuvent imaginer les sons et presque entendre ce qu’ils lisent ; mais les sons imaginés ne peuvent jamais remplacer les sons réels ; tout compositeur doit entendre son œuvre pour pouvoir lui donner la forme nécessaire. […] Jamais on n’a rien imaginé de plus antimusical. » Jamais, dirai-je à mon tour, on n’a rien imaginé de plus extravagant que ce jugement dans l’incompréhension, personne n’est allé aussi loin, pas même l’inoubliable Oscar Comettant, auquel Tristan donnait des attaques d’épilepsie. […] Imaginez les tragédies d’Eschyle et d’Euripide accompagnées de musique, imaginez les grands sentiments qu’elles expriment portés, grâce à la faculté de généralisation de la Musique, à leur absolue puissance expressive, et vous comprendrez ce que les historiens du théâtre antique nous rapportent au sujet de l’exaltation, du délire esthétique où ces tragédies jetaient des auditoires de plusieurs milliers de spectateurs. […] Pouvons-nous, par exemple, imaginer l’Anneau du Nibelung, Tristan ou Parsifal simplement parlés ? […] Mlle de Meysenbug s’imagina qu’elle pourrait amener une réconciliation.

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