« Il est pourtant bon, lorsqu’on écrit, de s’imaginer en quelque sorte qu’on parle, pour ne rien mettre qui ne soit naturel et qu’on ne pût dire dans le monde ; et de même quand on parle, de se persuader qu’on écrit, pour ne rien dire qui ne soit noble et qui n’ait un peu de justesse. » Ainsi, premièrement, il n’écrit point ses lettres comme il cause, et de plus même quand il cause, il parle un peu comme un livre ; on voit d’ici le renchérissement qu’en doit prendre son style. […] Ils sont souvent si libertins qu’ils échappent et qu’on ne les a pas comme on veut : « Le meilleur expédient, poursuit-il, pour apprendre une chose en peu de temps et sans maître, c’est de s’imaginer qu’on n’a que cette seule voie pour obtenir ce qu’on souhaite le plus. […] Je m’imagine donc que tout ce qu’on doit le plus désirer pour aller dans le monde, c’est d’être honnête homme et d’en acquérir la réputation ; mais, pour y parvenir, que jugeriez-vous de plus à propos et de plus nécessaire ? […] — Je lui répondis que j’en demeurois d’accord, et que je ne voyois point d’autre raison de cette injustice, si ce n’est que la plupart de ces juges n’ont ni goût ni esprit. — Ce n’est pas tant cela, ce me semble, reprit-il, que je ne sais quoi d’envieux et de malin qui fait mal prendre ce qu’on écrit de meilleur. — Ne vous l’imaginez pas, je vous prie, lui repartis-je, et soyez assuré qu’il est impossible de connoître le prix d’une chose excellente sans l’aimer, ni sans être favorable à celui qui l’a faite. […] Ainsi, à travers les fatuités de cette lettre qui nous paraît si étrange de ton, il savait très-bien indiquer le côté faible de Mme de Maintenon, lui dénoncer cet oubli où on l’accusait de laisser tomber insensiblement ses relations du passé : « On s’imagine que vos anciens amis ne tiennent pas en votre bienveillance une place fort assurée. » Il l’avertit qu’on lui reprochait à la cour de n’aimer à favoriser que des gens déjà élevés et par eux-mêmes en faveur.