Notre jeune écrivain essaya de faire de la sorte et y réussit ; son imagination l’aida dans cette combinaison assez naturelle et surtout attendrissante. […] Car, à un degré modéré et dans les limites du moraliste, elle avait l’imagination inventive ; ses pensées, loin de rester à l’état de maximes, entraient volontiers en jeu et en conversation dans son esprit ; elle savait faire vivre et agir sous quelques aspects des caractères qui n’étaient pas de simples copies. […] On sent que beaucoup de ces nuages d’épouvante, que l’imagination de loin assemble à plaisir, s’évanouissent dans le détail et à mesure qu’on aborde chaque sentier. […] Je lis dans un morceau d’elle (17 juillet 1810) : Notre flambeau s’allume au feu du sentiment, a dit le poëte de la Métromanie, et je crois bien qu’on peut en effet regarder la sensibilité comme l’aliment de la poésie ; mais c’est lorsqu’elle n’est pas employée à autre chose, et que, tout entière au service du poëte, elle sert à éveiller son imagination, non à l’absorber. […] La réalité perce pour moi tous les voiles dont l’art peut s’envelopper ; mon imagination, une fois ébranlée, y arrive du premier bond.