/ 2583
33. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Dans ses paysages ou riants ou sublimes, elle réveille à chaque pas l’imagination par quelque objet que l’imagination n’attend pas. […] Le premier devoir d’un écrivain est de devancer l’imagination de ses lecteurs, qui marche toujours. […] On remarque et l’on sent tous les repos de son imagination : au lieu que les discours de son rival, et peut-être tous les grands ouvrages d’éloquence, sont ou paraissent du moins comme ces statues de bronze que l’artifice a fondues d’un seul jet. […] Ici Fléchier, comme on l’a dit souvent, paraît au-dessus de lui-même ; il semble que la douleur publique ait donné plus de mouvement et d’activité à son âme ; son style s’échauffe, son imagination s’élève, ses images prennent une teinte de grandeur ; partout son caractère devient imposant. […] Son éloquence était plus dans son imagination que dans son âme, et par ses mœurs même il était trop loin de cette mâle austérité pour la saisir et pour la peindre : ce n’était point à Atticus à faire l’éloge de Caton.

/ 2583