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1426. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Quand les grands ennuis font un moment trêve dans notre existence, il semble qu’un hasard méchant, et d’une imagination diabolique, met son ingéniosité à nous tourmenter par des persécutions insupportables, ironiques et bêtes. […] Dieu crée des existences, l’homme d’imagination crée des vies fictives, qui quelquefois, dans la mémoire du monde, laissent un souvenir plus profond, pour ainsi dire, plus vécu. […] Et voilà une semaine, que nous possédions en idée cette maison, que nous l’habitions en imagination, que nous l’arrangions, et que sur le sable du jardin des Célestins nous tracions le plan d’un atelier que nous voulions bâtir dans le jardin. […] Au milieu du fatras d’une publication de spéculation, il y a d’admirables tableaux, des renseignements sans prix sur la formation d’une imagination d’écrivain, des portraits de caractères saisissants, des scènes merveilleusement dites, comme la mort xviiie  siècle de sa grand-mère et son héroïsme douillet, comme la mort si parisienne de sa mère : des scènes, qui arrachent l’admiration et quelquefois les larmes.

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