ils sont inviolables pour tous : nul n’y viendra relancer votre rêverie, pas plus qu’en ces autres bosquets qui en sont l’image, bosquets tout voisins de votre Passy, et où vous vous enfoncez au milieu du jour, à l’abri même des amis, fuyant, selon la saison, ou cherchant le soleil, cherchant surtout l’entretien de la conscience et l’habitude de la Muse ! […] Celui des jeunes garçons offrait l’image d’un club et d’un camp : on portait le costume militaire ; à chaque événement public, on nommait des députations, on prononçait des discours, on votait des adresses ; on écrivait au citoyen Robespierre ou au citoyen Tallien. […] Il vit de plus que pour être entendu du peuple, auquel de toute nécessité beaucoup de détails échappent, il fallait un cadre vivant, une image à la pensée dominante, un petit drame en un mot : de là tant de vives conceptions si artistement réalisées, de compositions exquises, non moins parlantes que les jolies fables de La Fontaine ; tant de tableaux si fins de nuances, et si compris de tous par leur ensemble. […] Ce cadre voulu, cette forme essentielle et sensible, cette réalisation instantanée de sa chanson, cet éclair qui ne jaillit que quand l’idée, l’image et le refrain se rencontrent en un, Béranger l’obtient rarement du premier coup.