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2018. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

mais le Mystère de la Passion, d’Arnould Gréban, sans doute voilà le drame, le drame image de la vie, le drame tiré des entrailles de l’histoire et de la réalité. […] Je crains, pour l’honneur de notre littérature, que, dans aucune langue peut-être, il n’y ait rien de plus platement obscène, et que jamais on n’ait pris un tel plaisir à promener la pensée sur de plus sales et de plus répugnantes images. […] Elles avaient flatté l’orgueil d’une féodalité chevaleresque et d’une aristocratie militaire, qui se plaisait à reconnaître dans ces longs récits l’image de sa vie, l’écho de ses passions, le retentissement sonore de ses grands coups d’épée, son armorial enfin, les héros éponymes de sa race et ses fabuleuses généalogies. […] C’est à l’endroit de ce fragment célèbre : « Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants, c’est là ma place au soleil. — Voilà le commencement et l’image de l’usurpation de toute la terre. » M.  […] La chambre à coucher, tendue tout entière de tapisserie façon de Rouen, garnie de beaux et bons meubles, comme il convient à la chambre d’un tapissier, ornée de tableaux et d’un miroir de glace de Venise, — nous avons là, comme sauvée de la destruction et réduite en quelques traits, une image de la vie réglée, saine, facile d’il y a deux siècles passés.

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