La vraie poésie, celle qui seule mérite ce nom, dédaigne non seulement les idées populaires et basses, mais même les idées riantes et agréables, si elles sont triviales et rebattues. […] parce que ce langage est inventé depuis près de trois mille ans, et que le genre d’idées qu’il renferme est devenu fastidieux. […] Le même dégoût pour les peintures et les idées communes produit ces deux effets contraires. […] Celui-ci, sans dessein et sans objet, se perd en écarts continuels, et étouffe quelques pensées heureuses sous un monceau de décombres ; celui-là a plus de suite et de plan, mais n’a presque point d’autre mérite, et délaie des idées communes dans des vers froids ou boursouflés. […] Si donc on se refroidit sur les vers à mesure qu’on avance en âge, ce n’est point par mépris pour la poésie, c’est au contraire par l’idée de perfection qu’on y attache.