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2477. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Ces vers, pensés dans le ciel et écrits sur la terre, m’avaient transporté en idée au cap Sunium. […] La muse de Laprade était la plus divine des statues, mais une statue ; le poète était le grand statuaire de notre siècle, un Canova en vers, taillant la pensée en strophes, un sculpteur d’idées. […] Je cherchais à lui faire comprendre cette vérité, difficile à admettre pour un poète penseur comme lui : c’est que le rôle de poète penseur était un rôle ingrat, que la poésie était faite pour exprimer des sentiments et non des idées, et que, le cœur étant le foyer de toute chaleur dans l’homme, de même que l’esprit était le foyer de toute lumière, le poète de sentiment incendiait le monde, tandis que le poète penseur ne pouvait que l’illuminer et l’éblouir. […] Selon nous, l’idée était fausse ; l’Évangile, qui est une réforme sévère et rationnelle de la Bible, n’est pas poétique pour le vulgaire. […] XXIII Ce fut donc, selon nous, une idée fausse chez M. de Laprade que de consacrer son talent à une traduction poétique de l’Évangile.

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