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529. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Comme les bras se tendent alors vers la beauté idéale, et comme ils retombent impuissants au contact de notre fange et de notre immortalité ! […] Le paganisme, au contact de la science, s’était réduit à la reconnaissance des forces naturelles ; le christianisme, au contact de la morale, se réduisait à l’adoration de l’idéal. […] » Ces anges « qui se réjouissent de la riche beauté vivante, que la trame incessante de l’être vient envelopper dans les suaves liens de l’amour, qui fixent en pensées stables la vapeur onduleuse des apparitions changeantes », sont-ils autre chose, pour un instant du moins, que l’intelligence idéale qui, par la sympathie, arrive à tout aimer, et par les idées, à tout comprendre ? […] A de certains instants, pour nous, ces draperies, ces marbres, tout cet appareil vacille ; ce ne sont plus que de beaux fantômes, ils se dissipent en fumée, et nous découvrons à travers eux et derrière eux l’impalpable idéal qui a dressé ces piliers, illuminé ces voûtes, et plané pendant des siècles sur la multitude agenouillée. […] Qui enfin ne se trouvera ennobli en découvrant que ce faisceau de lois aboutit à un ordre de formes, que la matière a pour terme la pensée, que la nature s’achève par la raison, et que cet idéal auquel se suspendent, à travers tant d’erreurs, toutes les aspirations de l’homme, est aussi la fin à laquelle concourent, à travers tant d’obstacles, toutes les forces de l’univers ?

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