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285. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

L’humanité peut s’amuser, quelques jours, de l’auteur d’une « sottise », comme elle peut donner un grand retentissement au nom de l’auteur d’un crime. […] Pourquoi donc l’humanité témoigne-t-elle si peu d’intérêt pour les victimes, et tant d’indulgence pour l’animal puissant qui les croque ? […] L’agitation semble une regrettable transition ; le repos semble le but : et le repos ne vient jamais, et s’il venait, ce serait le dernier malheur… L’état le plus dangereux pour l’humanité serait celui où la majorité, se trouvant à l’aise et ne voulant pas être dérangée, maintiendrait son repos aux dépens de la pensée et d’une minorité opprimée… La force de traction de l’humanité a résidé jusqu’ici dans la minorité. […] Ainsi, la littérature historique oublie les réels et vivants héros qui sont l’honneur de l’humanité, pour donner l’immortalité à des fictions. […] l’état mental d’une créature ayant probablement fait ses humanités, qui signe et qui pense ces choses !

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