Voici les paroles que nous trouvons dans l’introduction dont Saint-Chéron a fait précéder sa traduction de l’Histoire d’Innocent III : « Recevons le beau tableau historique de Hurter comme un témoignage du bien immense qu’un souverain pontife a pu accomplir dans un siècle reculé, mais encore du bien que l’institution, reconnue comme nécessaire aux intérêts les plus élevés du genre humain, pourra faire dans les siècles à venir où il se rencontrera un Grégoire, un Innocent, au milieu des hommes ramenés par une pénible et douloureuse expérience, aux vrais principes sociaux. » Comme on le voit, s’il n’est guère possible d’être plus lourd, il n’est guère possible d’être plus clair. […] Presque jamais auparavant, mais à coup sûr jamais depuis, la pensée occidentale, l’état de l’esprit humain n’a créé à la papauté une situation plus forte, plus élevée, plus facile à fortifier, à grandir encore. […] Pour peu qu’on pénètre dans cette singulière époque, le moyen de ne pas conclure que l’Église doit bien plus à la croyance des peuples, c’est-à-dire à une disposition nécessaire de l’esprit humain, dans cette période de sa durée, qu’à l’intelligence et à l’activité des Papes ? […] Son livre atteste des lectures immenses, une grande placidité de pensée, le sentiment de la dignité humaine ; mais des vues, du mouvement, nous en avons vainement cherché. […] Toutefois, le critérium catholique qui s’affirma depuis sous sa plume semble absent de ses blâmes, et la Papauté, d’autant plus sévèrement traitée qu’elle est grande à ses yeux, se trouve ici ramenée aux proportions tout humaines d’une forte institution politique.